Pénurie d’huile d’olive
Au Maroc, entre 3 et 4 litres d’huile d’olive sont consommés par personne et par an. Mais les craintes des oléiculteurs marocains se confirment, et des vagues de sécheresse ont mis en péril la récolte, et les professionnels se disent désespérés car leurs pertes augmentent d’année en année.
Après le lait et divers produits de consommation courante, c’est au tour de l’huile d’olive. Les récoltes ont été réduites jusqu’à 80% en raison des mauvaises conditions météorologiques. Les gelées printanières, la sécheresse et la vague de chaleur estivale de 2022 n’ont pas aidé. Le gel printanier a empêché une floraison normale, et la sécheresse continue et la chaleur intense ont entraîné le développement des fleurs et donc des fruits.
Faible production
En fait, la faible production est liée au comportement de l’arbre. Ainsi, en cas de forte chaleur, il perd ses fruits prématurément et ferme ses feuilles pour économiser de l’énergie et survivre.
Sans pluie ni irrigation, les oliviers subissent un stress hydrique, ce qui fait que les fruits rétrécissent puis tombent. En fait, l’irrigation de précision permet aux agriculteurs de contrôler le stress hydrique pendant des périodes de développement spécifiques. C’est une particularité de cette espèce végétale que, pour résister à la chaleur intense, elle privilégie sa survie et sacrifie ses fruits.
Et dans un pays comme le Maroc où le secteur oléicole a une vocation économique et sociale, l’olivier est la principale culture fruitière du pays, contribuant à 5% du PIB agricole et à 15% des exportations agroalimentaires.
Les variétés, un détail important
Ce qui inquiète le plus les producteurs, c’est que cette situation se produit de plus en plus fréquemment. Toutes les variétés sont touchées, même les plus résistantes, car c’est la deuxième année de sécheresse intense. Bien que le manque d’eau ne soit pas la seule cause de la baisse de production, notamment pour les variétés importées (espagnoles, italiennes, grecques, etc.) qui ne sont pas forcément adaptées aux conditions climatiques marocaines. En fait, de très bons fruits de terres sèches peuvent être récoltés si les arbres sont résilients à leur environnement.
Ainsi, la principale variété cultivée est la picholina marocaine, et elle constitue plus de 96% de la surface. Les 4% restants sont constitués de Picholine Languedoc, Dahbia et Meslala, cultivées en conditions irriguées (Haouz, Tadla, El Kelâa) et de quelques variétés espagnoles et italiennes comme Picual, Manzanilla, Gordal et Frantoio. En général, les variétés marocaines ont besoin d’irrigation, mais pas trop.
Olives excellentes mais rares
Malgré les conditions climatiques que connaissent non seulement le Maroc, mais de nombreux autres pays à travers le monde, la qualité des olives reste bonne, voire exceptionnelle. L’année dernière, les arbres ont été très productifs, mais ils étaient très petits et les olives étaient sèches, donc leur qualité et celle de l’huile d’olive en ont souffert.
Cette année les olives sont grosses et de bonne qualité, mais rares, car en dessous d’un certain niveau d’eau, l’olivier ralentit son activité photosynthétique, ce qui pénalise la fructification et la croissance des pousses, mais pas la qualité. De plus, cette mauvaise récolte entraînera sans aucun doute une hausse des prix, le pétrole deviendra plus rare et les prix augmenteront inévitablement.
L’huile d’olive marocaine n’est plus dans le Top 10
Malheureusement, l’huile d’olive marocaine ne figure pas parmi les dix meilleures huiles au monde cette année, selon le dernier classement du guide Evooleum des 100 meilleures huiles d’olive extra vierge (EVOO) au monde. C’est la première fois dans l’histoire du guide que deux huiles espagnoles et italiennes occupent la première place du classement. Viennent ensuite, dans cet ordre, trois autres huiles espagnoles, trois huiles italiennes, une huile croate et une huile brésilienne.
Parmi les 100 meilleures huiles d’olive citées dans le classement, la plupart proviennent principalement de dix pays. Parmi elles, 68 huiles proviennent d’Espagne, 17 d’Italie, 4 de Grèce, 3 de Croatie, 2 de France, 2 de Tunisie et une seule du Maroc. C’est également le cas au Portugal, au Brésil et en Afrique du Sud.